Après "le poison de la défiance", "la nature du poison".
APRES « LE POISON DE LA DEFIANCE, « LA NATURE DU POISON »… Le 11/05/2020
(Analyse de deux vidéos conspirationnistes sur le Coronavirus)
Suite au texte que j’ai fait circuler, « Le poison de la défiance », avec lequel, je tiens à la souligner, jene partage pas tous les points, l’agressivité de certaines réactions (à côté, il est vrai, des remerciements plus nombreux !) m’ont décidé à examiner de plus près le genre de discours toxique qui jette systématiquement de l’huile sur le feu sur les grandes difficultés dans lesquelles notre pays, parmi d’autres, se débat… Autrement dit, une tentative de compréhension du « mode opératoire » que certains pompiers pyromanes utilisent… Les parties en italiques sont des retranscriptions des propos tenus.
N’ayant pas pu, malgré mon esprit de sacrifice, écouter l’ensemble des vidéos, je me suis contenté des deux suivantes :
CG03 - avec Thierry Casasnovas - Coronagates #3 - YouTube
CG04 - CORONAGATES #4 - YouTube
Je pense être un « homme de gauche », si cela a encore un sens… Je ne pense pas être « macroniste », insulte qu’on vous jette parfois à la tête quand votre propos n’entre pas dans les cases de la bipolarité habituelle. Depuis quelque temps, une de mes préoccupations importantes est d’analyser aussi honnêtement que possible ce que j’appelle avec d’autres « les maladies de la démocratie », en particulier le phénomène de la post-vérité et du cynisme généralisé, qui selon moi sont des facteurs importants de gangrène, et dont les conséquences peuvent être dramatiques. A ne pas confondre avec ce qui fait la vertu principale de la démocratie : la capacité, le droit et le devoir d’autocritique de ses propres institutions, dont la nature est de protéger ce droit ! C’est le paradoxe vertueux de la démocratie. Mais comme le dit Frédéric Worms, « il y a des critiques qui asservissent et des critiques qui libèrent »… Je voudrais parler ici des critiques cyniques de la première catégorie… Il est bien connu que l’existence des réseaux sociaux amplifie de façon exponentielle ces phénomènes. Mais venons-en au vif du sujet, je voudrais restituer l’anecdote qui a déclenché le besoin (plutôt que le désir !) d’écrire le présent texte. Alors que je venais d’envoyer un texte sur la liste de diffusion du café philo, texte qu’un ami m’avait communiqué sur la situation, et qui s’intitulait « le poison de la défiance », avec lequel d’ailleurs je n’étais pas toujours en accord, une personne inscrite sur cette liste a manifesté assez agressivement son désaccord ; notre échange fut courtois mais bref et très tendu, peu importe ! Sans vouloir faire de la « psychologie de chevaux de bois », il va de soi qu’elle a ressenti que ses idées étaient prises pour cible dans cet article. La vidéo qu’elle m’a transmise en réponse est très révélatrice à ce sujet. Je n’ai pu l’écouter que deux minutes dans un premier temps, assez révulsé par ce que j’entendais. Après une marche à pied revigorante, j’ai changé d’avis et décidais de mieux l’écouter dans son intégralité car je pressentais qu’on avait là un condensé de toutes les attaques définitives qui courraient aujourd’hui sur les réseaux. J’ai réalisé qu’elle était la quatrième vidéo d’une série intitulée « Coronagate », réalisée par celui que je nommerai X. Je me suis donc mis à la tâche… Au moins deux raisons me poussaient à écouter ces vidéos : tout d’abord, j’ai plusieurs fois relayé l’analyse sur « l’entre-soi », que favorise grandement le fonctionnement de ces outils de communication, mais nous devons tous prendre garde et ne pas reproduire nous-même un tel fonctionnement, et à ne pas nous enfermer nous-mêmes dans cet « entre-soi »... Je devais donc écouter cette vidéo, quoiqu’il m’en coûte… Par mon envoi inopiné, j’ai percuté lourdement les représentations d’une personne dont le point de vue était d’autant plus arrêté quelle était probablement « branchée » sur ces « cascades informationnelles » en vase clos et qui développe sans arrêt ce que l’on a envie d’entendre, contribuant fortement à l’isolation sur un point de vue figé. Deuxième raison, plus fondamentale : l’examen de cette vidéo est pour moi l’occasion d’illustrer concrètement à partir de cet exemple des analyses qui étaient restées jusque-là sur un plan général.
Que racontent ces vidéos ?
Comme par hasard le contenu de ces vidéos, qu’on a pris soin de m’envoyer pour me prouver qu’un philosophe digne de ce nom ne pouvait qu’adhérer à la dénonciation radicale du pouvoir sur cette affaire du coronavirus, relève d’une authentique pensée « à tendance paranoïde », souvent décrite dans les livres et manuels de psychiatrie, et participe de ce que les américains appellent des « bullshit» (littéralement « merde de taureau ») ou plus trivialement « foutaises ». Mais ne nous méprenons pas : il est difficile de défaire pied à pied les affirmations proférées car elles s’appuient souvent sur des « informations » partiellement vraies. Il y a toujours insérés dans la trame du discours des fils de vérité, même si le maillage général est délirant. C’est une des marques de fabrique de ce genre de discours. Nous pourrions également le qualifier de « canada dry », au sens où il donne au premier abord l’impression d’une cohérence logique sans défaut. Ce genre de théorie délirante imite les codes de la science tout en étant d’un simplisme biblique, et prétend court-circuiter les grandes constructions culturelles et politiques habituelles.D’autre part, elles s’alimentent et s’appuient souvent sur des critiques ou des analyses légitimes ou en tout cas digne d’intérêt, mais en les intégrant dans une pensée englobante qui nous font basculer dans la conspiration. Ce qui explique la gêne et le trouble provoqués chez le lecteur (« et si c’était vrai ? »[1]). D’où le caractère « viral » de ces propos sur Internet.D’où aussi la difficulté pour les combattre : elles veulent passer pour des investigations authentiques, une contribution valable au sujet traité. Il est par conséquent difficile de s’attaquer frontalement à ses idées sans prendre le risque de contribuer à les propager encore davantage en les mettant en lumière, renforçant la propagation virale de ces théories. Le sarcasme ou la satire sont peut-être une des façons efficaces de les contrer. Nous avons plutôt choisi ici d’en décrire les mécanismes pour essayer d’en dégager les ressorts intimes.
Notre auteur, dans cette série de vidéos, est formateur en développement personnel et se réfère parfois à des rudiments de réflexions reconnuessur la scène publique, ou du moins considérées comme consistantes (ici par exemple, l’Ecole de Pal Alto, Noémie Klein…). Il nous dit être dans un engagement sans faille depuis de nombreuses années et s’autoproclame volontiers « lanceur d’alerte ». Il est profondément animé par « la défense des êtres humains et de leur autonomie ».On le sent investi d’une mission qui l’habite entièrement, et nous verrons qu’il a eu une sorte de « révélation » en 2009, l’année de l’épidémie H1N1. Il est sûr de son fait, légèrement péremptoire, le discours se veut d’une logique implacable et le langage est soutenu… Un homme au physique plutôt engageant, dont le visage angélique est encadré d’une assez longue chevelure soignée poivre et sel. Il est d’ailleurs visiblement satisfait de pouvoir glisser entre deux phrases qu’il a 59 ans (je fais jeune, non[2] ?).
Le propos est assez volubile et « tape » dans toutes les directions : ordre des médecins, experts, élite politique, médias « mainstream »…etc., mais nous comprenons vite, lorsque nous remontons la chaîne des causes, quelle est la source de tous les maux qui nous affectent : les grands groupes pharmaceutiques (en réalité, il y a une super cause qui englobe celle-ci, nous la découvrirons ensuite). Nous avons là une des caractéristiques de ce genre de « théorie » : il suffit de « relier les points », grâce à la sagacité de son observation, pour découvrir ce qui se trame et identifier l’origine de tous nos malheurs. Bien loin d’une analyse multifactorielle qui cherche à rendre compte de la complexité d’une situation, il s’agit de dégager UNE CAUSE (ou deux au maximum), qui pourront nous faire tout comprendre (c’est-à-dire ici l’ensemble des dimensions de la situation sanitaire et politique que nous traversons, mais plus encore les problèmes du monde entier) : il suffit de dérouler la chaîne des raisons… Un discours dont la forme est finalement assez cartésienne, mais qui est aux antipodes de la pensée complexe.
Arrêtons-nous un instant : il peut être utile de rappeler à ce moment les traits fondamentaux de la personnalité paranoïaque.
Chacun d’entre nous pouvons présenter de manière isolée de tels symptômes, qui sont des attitudes réactionnelles contre l’angoisse. Mais la personnalité paranoïaque se présente sous l’aspect d’un véritable système de pensée intégrant une « vision du monde » globale. Commençons par le début : si l’on parcoure sur Internet la « littérature » sur le sujet, on peut facilement repérer quelques traits fondamentaux :
L’hypertrophie du moi : ces sujets sont souvent égocentrés ; psychorigidité, obstination et fanatisme ; parfois fausse modestie superficielle. Attitude globale exaltée. Souvent autodidacte du fait de leur isolement.
Méfiance, avec sentiment de persécution. Se sent entouré d’un univers malveillant. Associé à une hyper-vigilance.
Fausseté du jugement due à des interprétations erronées de la réalité. Absence d’autocritique.
Le délire paranoïaque s’appuie sur un mécanisme interprétatif, et non sur une rupture avec la réalité (comme la psychose). Mais il y a toujours une coloration persécutrice de cette interprétation. Le paranoïaque utilise des biais cognitifs de confirmation, des « martingales de pensée » qui protège l’interprétation délirante et l’alimente. Le discours est d’une forte cohérence interne qui se décline selon des axiomes logiques. On parle de délire « en réseaux » lorsque tous les champs de la vie de la personne sont affectés. Le scénario est alors du type « complot généralisé », la méfiance devient envahissante face à une menace omniprésente… La dimension « systématique » du délire intégrant dans une même vision l’ensemble de l’existence est souvent marquée.
Bon, revenons à « Coronagates » : quel est en résumé la thèse défendue ?
Il est significatif que le caractère rudimentaire du propos soit caché par une avalanche de paroles sur un grand nombre de sujets… Ce que nous pouvons appeler « le propos-matrice » n’apparaît qu’à des moments-clés, généralement à la fin du discours. Il est à double-fond et peut être résumé ainsi : Depuis longtemps les grands groupes pharmaceutiques ont la main mise sur les politiques de santé publique. Les Etats, comme les médias, comme les institutions internationales (par exemple l’OMS, entièrement phagocytée par eux)sont inféodés à leurs intérêts. Le seul souci de tous ceux-là n’est pas de prévenir les épidémies ou pandémies, et de traiter au mieux les maladies qu’elles occasionnent, mais de pouvoir imposer à la population de façon criminelle les médicaments et surtout les vaccins qui enrichissent les dits-groupes, au mépris de l’efficacité de ceux-ci.Nous sommes ainsi soumis à une dictature médicale au seul service du profit.Mais plus fondamentalement« les 8500 personnes qui essaient de contrôler l’humanité » veulentexercer sur celle-ci une domination sans partage, l’épisode du coronavirus n’étant qu’un exemple parmi d’autres. Nous verrons dans la suite du déroulement qu’en réalité la question du contrôle médical fait partie d’une entreprise autrement plus redoutable : le traçage de la population avec la 5G. A partir de là, il est facile d’observer comment cela peut se décliner et s’argumenter. Je me contenterai de noter quelques moments « saillants » et illustratifs des propos. Les phrases en italique retranscrivent fidèlement les paroles de l’intervenant
L’économie est « mise à mort » (ce qui est mis en cause ici sans le dire vraiment est la mesure de confinement, qui serait la conséquence logique de l’absence voulue de campagne de prévention et de soins efficaces). On peut se demander, si l’argent est le seul critère de l’action politique, comment cette mise à mort est possible ? Mais la question n’est jamais posée…
Les « remèdes prouvés » (qui réussissent : chloroquine combinée à l’«azithromycine »)ont étaient démolis par la haine et la rage médiatique ». Les médias dominants sont à la solde de ceux qui détiennent l’argent, et donc, par voie de conséquence, des grands groupes pharmaceutiques. Ils sont de façon répétée la cible privilégiée, accusés collectivement d’être « vendus »…
L’arrière-plan idéologique, comme c’est évoqué, peut se résumer dans l’idée que le Pouvoir (avec un grand P) est toujours obsédé par le contrôle de la pensée de ses sujets (l’essayiste altermondialiste Naomi Klein semble en être l’inspiratrice). Il faut à tout prix qu’il supprime la possibilité de toute pensée divergente. A partir de là, nous pouvons relier aisément des évènements apparemment aussi différents que les « suicides collectifs » (non prouvés) du Temple solaire, l’attentat des tours du Wall Trade Center, la pandémie du H1N1, ou celle du Coronavirus (entre autres). Qu’est-ce qui les relie entre eux ? La « théorie de l’état de choc »! Mais encore ? Eh bien voilà, il faut faire peur et mettre en état de choc la population pour l’amener à accepter et même à demander des mesures liberticides qui resserre encore davantage l’étau dans lequel elle est prise. Après les morts mystérieuses des membres du Temple Solaire, il a été facile d’imposer des critères « qui font de toute pensée divergente une pensée de secte ». Et l’attentat des tours en 2001 ? Peu importe l’interprétation qu’on en donne, dit notre auteur (il est remarquable à ce sujet qu’elles soient toutes mises sur le même plan : le Mossad ? La CIA ? Al Qaïda ? Les sous-entendus avec son interlocuteur nous inclinent à penser qu’ils souscrivent tous deux aux diverses théories du complot à ce sujet, tout en revêtant l’habit de l’impartialité, autre procédé destiné à détourner de la vérité…). Ce qui compte« est ce que l’on fait de cela », c’est le résultat : la mise en place du « Patriot Act » qui impose des lois liberticides présentées comme provisoires mais qui deviennent toujours définitives.
Ainsi le « Patriot Act » devient la finalité ultime de l’évènement, la destruction des tours n’étant dans cette perspective qu’un moyen pour y parvenir ! Il en va de même pour les pandémies. Nous allons y revenir. Mais il faut s’arrêter un moment pour repérer le procédé : une série d’évènements très disparates vont pouvoir être reliés entre eux pour témoigner d’un même complot mondial. Le rappel du projet diabolique de ceux qui mènent le monde (ils seraient 8500…) fait partie de la ritournelle qui tourne en boucle. Le détournement de la vérité s’appuie souvent sur des faits réels : la législation sur les sectes date probablement de cet épisode, et le « Patriot Act » est bien sûr une réplique (sans doute très discutable) aux attentats. Donc tout est vrai d’une certaine façon, sauf que le finalisme fantasmé qui relie tous ces faits est à proprement parler délirant. L’exemple des pandémies est sans doute le plus exemplaire de ce point de vue…
Juillet 2009, alors que sévit le virus H1N1 : notre « lanceur d’alerte » est touché par une « révélation » : « Je restais 2h ou 3H à pleurer dans mon lit, frappée par une intuition qui m’est tombée dessus. Je dis à ma femme :« ils vont instaurer une dictature médicale à l’occasion de l’épidémie ». On voit bien le sens profond de cette révélation : l’épidémie est une occasion ou un prétexte, qui va sciemment être mis à profit par le pouvoir et les grands groupes pharmaceutiques. Il entend également cette injonction de Kierkegaard : « Tu dois ! » ( ?), mais il ne nous livre aucun élément quant au contexte philosophique de cette dernière… Il doit s’engager dans ce combat, quoi qu’il en coûte. A ce sujet, il rêve « qu’il est assassiné le 31 décembre 2009 par l’industrie pharmaceutique », ajoutant « que cela arrive souvent, on élimine fréquemment des médecins et des chercheurs ».
Roselyne Bachelot, ou ses complices (on se souvient qu’elle avait acheté un nombre impressionnant de vaccins qui n’ont pas été utilisés) avait l’intention, dit-il, de « boucler militairement quartier par quartier et vacciner toutes les personnes », mais cela a été « un échec total ». « Ils ont reculé » et « on a évité la guerre civile », grâce notamment « aux lanceurs d’alerte ». Là encore les médias ont joué « un rôle pervers », annonçant « 20 millions de morts »….
Venons-en à l’actuelle pandémie du Coronavirus.
« Laisser les gens avoir peur pour qu’ils réclament eux-mêmes des mesures de protection » (référence à l’école sur la communication de Palo Alto). Il est facile ensuite d’imposer des mesures liberticides (confinement) et la main-mise de l’industrie pharmaceutique. C’était soi-disant la stratégie de notre Président Macron, et de la presse qui est bien sûr complice, quand il a tardé volontairement à rassurer la population (début mars) : il a utilisé, avec les médias, la technique dite de l’injonction paradoxale ou du « double-bind » ; premier message : il n’y a rien à craindre (le confinement n’est pas à l’ordre du jour) ; deuxième message contradictoire : on aligne tous les jours le nombre de morts qui augmente, et on ferme les écoles. On dit « nous sommes en guerre »… Pourquoi une telle stratégie de manipulation ? Tout simplement pour obtenir la docilité de la population et que le pouvoir puisse renforcer ses mesures. L’hésitation ou la lenteur des décisions n’ont rien à voir avec l’incompétence ou la déficience, mais il s’agissait de mettre la population en état de confusion pour lui faire accepter les mesures. « Nous pouvons décerner le Prix Nobel de la Manipulation au médias mainstream ! ».
On voir clairement à travers cet exemple comment le délire d’interprétation peut transformer les faits, tout en s’appuyant sur des éléments de réalité. Les difficultés inhérentes à la situation, qui ont notamment conduit à des erreurs et des tâtonnements (qui aurait peut-être pu être évités), deviennent ici instrumentalisées dans un vaste plan prémédité et inavouable.
« Il (Macron) annonce d’abord 15 jours de confinement pour éviter une révolte populaire »…« Le seul caillou dans la chaussure fut Didier Raoult, « le meilleur épidémiologue du monde »(procédé d’amplification très répandu dans ce type de discours…. Ce n’est pas faux, seulement excessif)
Contre toute logique (la logique est souvent convoquée), pourquoi les médias mentent et ne se rendent-ils pas à l’évidence, à savoir relayer la bonne information selon laquelle le traitement préconisé par le professeur Raoult guérit, alors que les autres tuent ? Parce qu’il faut faire passer l’information mensongère que seuls les médicaments anti-viraux et les vaccins sont efficaces. Une statistique est avancée : 4 morts pour 1000 personnes hospitalisées avec Raoult, 105 morts pour 1000 en moyenne ailleurs dans toute la France… Pas question de se lancer ici dans une bataille des chiffres mais cette statistique présentée comme évidente apparaît très discutable… Les conclusions ne tardent pas à être assénées : « L’Etat tue et à du sang sur les mains ».Le couperet tombe : « Le protocole médical qui est adopté est responsable à 30 ou 40% de la mort des malades hospitalisés ».
Il est facile de se rendre compte comment un conflit d’experts sur le traitement préconisé, assorti de toutes ses nuances, qui sont nombreuses, désaccords d’ailleurs largement répercutés dans les médias, devient un procès et une lutte du Bien contre le Mal. S’il était cohérent avec sa pseudo-démonstration, il pourrait parler de « crimes contre l’humanité »…
« Pourquoi la solution du vaccin ? Pour gagner des milliards de dollars ! ». Et« Bill Gates est la clé de ce qui se passe ». Pourquoi ? Le budget de l’OMS est majoritairement privé ; Les fondations Rockefeller et Bill et Melinda Gates sont les contributeurs principaux. Non seulement la philanthropie n’a rien à voir ici, mais l’entreprise est vénale : aux termes d’une explication très embrouillée (que je n’ai pas compris personnellement, mais il est vrai qu’une enquête intéressante du journaliste Lionel Astruc, évoquée dans l’entretien de Mr X, vient de paraître à ce sujet), nous sommes censés comprendre que non seulement Bill Gates est exonéré d’une partie de ses impôtssur ces sommes d’argent (ce qui est évident et la règle dans la plupart des pays démocratiques), mais qu’il s’enrichit directement des campagnes anti-vaccin, dont il est « le chef d’orchestre mondial ». Nous apprenons aussi à cette occasion qu’il veut vacciner toute la population mais qu’il interdit la vaccination pour ses propres enfants…
Nous voyons clairement ici les connivences qui existent entre le propos de X (« tonton Jean Jacques » dit affectueusement son interlocuteur…) et d’autres théories conspirationnistes (comme celle des « anti-vaccins »).
Même les blockbusters américainsou « film-catastrophes » sur les pandémies participent de la même mystification : ils mettent en scène la dimension cataclysmique du virus à la fois contagieux et mortels. Et seul le vaccin à la fin vient tout régler… Encore une preuve du complot, non ? Le vaccin, s’il était efficace, le serait pour prévenir et non pour guérir…
« Les pays qui sont les plus pauvres sont ceux aujourd’hui qui ont le moins de morts ». Or ils se soignent avec les médicaments bon marché et connus (la chloroquine). « Quelque chose cloche, non ? ». C’est bien la preuve du bien-fondé de la thèse défendue ici !
Nous avons ici un procédé typique de détournement de la vérité, qui consiste à tirer de prémisses justes (les pays pauvres, notamment d’Afrique, résiste particulièrement bien au virus jusqu’ici, et utilisent effectivement la plupart du temps un traitement type chloroquine) des conclusions hasardeuses. Il y a en effet une multiplicité de facteurs : pays relativement soustraits des flux de la mondialisation, densité de population très peu élevé en règle générale, structure d’âge très différente (beaucoup plus jeune qu’en Europe), peut-être aussi davantage l’habitude de réflexes de protection devant l’épidémie qui leur est plus familière, ou encore des caractéristiques climatiques, sans compter possiblement des variables jusque-là inconnues. Il ne s’agit pas pour autant de négliger l’influence du traitement administré (des études viendront sans doute plus tard nous en dire plus), mais en le resituant encore une fois dans la complexité d’une situation.
Il est temps maintenant de découvrir le « pot aux roses », c’est-à-dire le projet conspirationniste qui englobe tout ce qui vient d’être dit :
Il faut d’abord comprendre qu’il s’agit d’une « pseudo pandémie »(le nombre de morts n’a rien à voir avec ce qui était annoncé ( ?) – la moyenne d’âge des victimes est de 80 ans – elles sont généralement obèses et ont des maladies associées), qui ne justifie par conséquent pas les mesures prises, notamment de confinement. Il faut savoir aussi que ce virus est un virus « militaire » fabriqué en laboratoire.
Le propre de ce genre de propos est qu’il peut soulever des questions légitimes présentes dans le débat, et qui nous préoccupent ; mais l’excès et l’absence d’interrogations et de nuances le font basculer dans le bullshit, l’important étant de venir servir une thèse qui ne souffre aucune discussion…
La thèse est la suivante : « le but du jeu est de pouvoir disposer dans le monde d’une identité numérique pour chaque habitant et disponible à tout moment ».La 5G, voilà la cause de tous nos maux : « C’est l’outil dont ils vont avoir besoin pour géo-localiser en permanence les êtres humains : il faut donc une identité numérique ». Des pays sont déjà en train de la mettre en place (Chine, Canada…).
Notons encore une fois pourquoi ce genre de théorie conspirationniste a encore de beaux jours devant elle : elle surfe sur de véritables questions de société, comme ici la problématique de la surveillance à l’ère de l’intelligence artificielle, sujet que nous devons d’ailleurs aborder lors de notre prochaine rencontre…
Si Macron veut nous convaincre depuis le début de la probabilité d’autres vagues successives de coronavirus (7 vagues pour certains !) (« si vous ne l’avez pas entendu, c’est que vous n’avez pas comme moi une oreille aguerrie ! »), c’est pour pouvoir nous préparer à ce marquage numérique. Le but poursuivi est manifestement celui de « la dictature trois points zéro ». Tournez-vous du côté de la Chine, et vous verrez ce qui vous pend au nez : ». Pour en revenir au coronavirus en France, l’atteinte d’un tel objectif nécessite de nous faire croire plusieurs choses : 1) D’abord de nous faire croire que le coranavirus est beaucoup plus dangereux qu’il ne l’est en réalité (« ni plus ni moins comme les autres années », dit l’auteur). 2) Ensuite, on nous culpabilise pour nous confiner (par solidarité) et qu’on accepte d’avoir « un statut virologique ». Ainsi, grâce à ce traçage, « ils » vont pouvoir nous alerter lorsque nous fréquentons des porteurs de virus, et nous imposer un confinement de 14 jours… Nous serons suivis en permanence. Dans un futur proche, il y aura à la porte de chaque maison un QR code qui enregistrera les allées et venues ; à la place des puces actuelles, un « gel nano-technologique » pourra être injecté dans les cellules osseuses et ne pourra pas être enlevé… Ces nouvelles puces pourraient influencer nos humeurs et nos pensées »…
Description intéressante qui figure déjà dans les romans ou des films d’orientation transhumaniste (regardez par exemple la série « Black Mirror » sur Netflix). Cependant, ce petit pas de côté qui permet de passer sans le dire à la fiction fait toute la différence… Mais notre auteur soulève ici des questions très sérieuses…
Comme il le dit à un autre moment, « la messe est dite » : « On » nous effraie avec un virus pour nous faire accepter des solutions en termes de traçage et de « puçage » numériques. Tout s’explique : « le terrorisme médiatique », comme « l’arrêt forcé de nos activités ». Le terrorisme médiatique vise à « nous contrôler par la peur » ; quant à l’arrêt des activités, il s’agit de nous mettre « en état de précarité sur le plan économique ». Pendant que nous serons, ensuite, préoccupés pour rattraper le temps perdu, par « les activités de survie de base », « « ils » pourront faire passer sans risque ce qu’ils veulent : les tests, le masque, le vaccin, les puces… ». C’est « la stratégie du choc économique » (emprunt ici à une notion initiée par Noami Klein).
Il est désormais impossible de douter maintenant : ce travail de « ré-information » enfin valide nous montrent les intentions de tous ces « ils » : la 5G, et avec elle l’identification numérique de la population mondiale à des fins d’asservissement.
Nous ne ferons pas davantage de commentaires. Le dépliement de ce discours nous parait livrer ses principaux enseignements, et montrer aussi, en un certain sens, l’habileté malgré tout à savoir mêler savamment le vrai et le faux, le fait à l’énormité de son interprétation. Ce discours est bien sûr pervers dans ses effets, et empoisonne le débat légitime. Il contribue avec bien d’autres (le nombre de ceux qui s’autoproclame « lanceurs d’alerte » sur la Toile est impressionnant) à un climat de défiance généralisée qui semble progressivement reprendre du poil de la bête sur les réseaux sociaux, après une première accalmie accompagnant le début de la pandémie. Comment, à tous les niveaux de la société, des gouvernants aux simples citoyens, lutter efficacement contre ce fléau sans un minimum de confiance partagée ? Les derniers sondages à l’échelle européenne montrent que la défiance envers le gouvernement et l’Etat est le plus élevé en France même (les deux tiers des français), et de manière très significative par rapport à la moyenne européenne (un rapport globalement inversé…). Ces mêmes français ont si bien vécu le confinement qu’ils sont les plus nombreux (plus de 35%) à ne pas vouloir se déconfiner, notamment reprendre les activités… Nous ne voulons bien sûr pas expliquer sans reste la sévérité et la défiance de la population française uniquement par la force de pénétration du fameux venin (celui sévit malheureusement partout…), bien d’autres causes mériteraient d’être relevées. Mais les appels à la vigilance pour lutter contre cette diffusion n’ont jamais été plus nécessaires…