Que peut la philosophie aujourd’hui ? - Octobre  2011

Réflexion de  Marcel Gauchet

 

Que peut la philosophie aujourd’hui ?

(Ce texte reprend en grande partie la réflexion de Marcel Gauchet sur ce sujet)

 

Nous proposons quatre moments dans l’exposé :

 

1)      Un premier constat contrasté concernant la situation de la philosophie aujourd’hui

2)      Eclairer la philosophie d’aujourd’hui à partir de son histoire : celle-ci correspond à l’histoire du désenchantement du monde

3)      Que peut alors être une philosophie vivante contemporaine ?

4)      Un exemple : la philosophie politique 

 

Nous conclurons sur ces quatre points.

 

- I -

 

Nous commencerons par évoquer deux tendances, dont les directions sont sensiblement divergentes, voire opposées : certains avaient programmé « la fin de la philosophie »  (années 60-70) : les progrès spectaculaires des sciences « dures » et des nouvelles  sciences sociales devenues indépendantes semblaient les autoriser à occuper tout le champ de la pensée, privant ainsi la réflexion philosophique de son objet.

Il semble que la conjoncture actuelle, néolibérale, renforce considérablement cette tendance en privilégiant l’expansion et la valorisation idéologique du modèle de la connaissance scientifique spécialisée, qui a son correspondant sur la scène politique avec le développement de l’expertise ; cela s’accompagne d’une désintellectualisation (les experts ont pris la relève des intellectuels), d’une perte de l’influence des idées dans la vie sociale et politique. L’épistémologie implicite de la pensée néo-libérale est en effet de considérer qu’ il est impossible d’embrasser par la pensée le fonctionnement collectif, et encore plus de vouloir le construire globalement par la volonté, car il obéit à des mécanismes complexes d’autorégulation spontanés ; il faut donc faire place à des savoirs positifs et délimités, directement opératoires, et à leur résultante. Nous avons là le modèle du marché comme modèle généralisé du fonctionnement collectif.

Pourtant, la demande sociale de philosophie dans nos sociétés ne cesse de croître depuis environ deux décennies :  cafés-philo, ateliers philo pour les enfants qui se développent à l’école primaire comme dans la cité, multiplication des publications d’ouvrages philosophiques et de magazines  destinés à un public non initié, créations d’Universités Populaires de Philosophie à la suite de celle de  Caen initié par le philosophe Michel Onfray, nouvelles directives ministérielles de « diffusion » de la philosophie en classe de seconde etc. Ce phénomène social et intellectuel a une spécificité très forte : ces préoccupations philosophiques veulent se démarquer des enseignements scolaires et universitaires traditionnels, sortir des murs du lycée et de l’université, au risque parfois d’en oublier l’héritage. S’inspirant résolument du nouveau droit à la parole de tous et de chacun hérité de « l’esprit 68 », dans un principe démocratique de stricte égalité, ces nouvelles activités philosophiques s’ancrent volontiers sur les questions directement  « existentielles » vécues par nos contemporains. Le sujet n’est pas ici – du moins de manière plus ou moins exaustive, il y a sans doute de multiples facteurs - de se demander pourquoi il y a un tel regain de la préoccupation philosophique, mais, le constatant, de s’interroger sur ce que peut être la philosophie d’aujourd’hui, ou ce que peut la philosophie aujourd’hui, ce qui est à peu près la même chose ! Car le besoin ou la demande sociale ne peuvent en l’occurrence tenir lieu  à eux seuls de légitimité de la philosophie ; il est très important par conséquent de s’interroger sur la place qu’elle peut légitimement occuper.

Comment d’abord interpréter la contradiction apparente évoquée précédemment?

Le discours philo semble donc dépassé, et en même temps un appel insistant dans sa direction se manifeste : pourquoi ? En réalité, cette situation est très frustrante du point de vue de l’intelligence … Le lieu où ce besoin se manifeste avec le plus d’éclat est celui de la conduite de la vie. Aucun savoir profane (et la croyance religieuse, en ces temps de « désenchantement du monde », n’est-elle pas derrière nous ?) ne nous fournit de quoi mener notre existence, étant entendu que le modèle d’action consumériste ne peut être suffisant… S’orienter dans l’existence vis-à-vis de soi, vis-à-vis des autres, vis-à-vis du monde est un type de réflexion d’un tout autre ordre que celle des sciences, même si elle est soumise à une même exigence rationnelle. Idem pour le questionnement bioéthique. La science n’apporte pas de réponse scientifique à la question de son utilisation. Idem dans le domaine politique : les expertises mises bout à bout ne nous disent rien concernant ce que nous faisons globalement ou sur ce qui est en train de se passer (d’où nous venons et où nous allons). C’est une autre démarche que celle des savoirs experts qui ont pris le pouvoir au nom de la science, et qui débouche sur un pilotage à l’aveugle.  En réalité la question de la possibilité d’une philosophie politique, c’est rien moins que la question de la possibilité d’une démocratie au sens plein du terme, c’est-à-dire d’un « gouvernement de soi par soi » (ce qui signifie pouvoir en commun sur son destin). C’est dans cette possibilité, dans le domaine politique comme sur un plan personnel, que réside le caractère indépassable et humainement indispensable de la philosophie. D’où sa renaissance.

 

- II -

 

4) Si l’on essaie de cerner l’identité de la philo au milieu de ces transformations, il est nécessaire de faire appel à sa longue histoire… Et l’histoire de la philosophie occidentale se confond avec l’histoire du désenchantement du monde

Les principales étapes selon Gauchet :

L’avènement de la philo, c’est avant tout la découverte de la possibilité d’une connaissance du tout cosmique, d’une saisie de la totalité au moyen d’une démarche autonome qui ne tire rien que de son propre fond (contrairement à la religion). Cette démarche est transposée ensuite dans le christianisme, non sans faire apparaître des difficultés quant à la compatibilité entre raison et volonté divine. Le tournant majeur de ce parcours sera l’émergence de la science galiléenne ; si, dans un premier temps, la métaphysique classique s’arrange très bien avec cette nouvelle science mathématique et expérimentale (la physique) qu’elle va englober et surplomber, dans un deuxième temps, c’est une véritable révolution philosophique (avec Kant) qui va être la conséquence de cette révolution scientifique : Kant va mettre en lumière l’impossibilité d’une connaissance métaphysique (suprasensible), et réfléchir sur les conditions qui rendent la science et notre connaissance en général possibles. En même temps qu’elle sépare le visible de l’invisible, elle contribue à faire de la philosophie un supplément certes intéressant mais qui ne correspond plus à son ancien statut souverain (en tant que science de toute chose). Cela ne va pas empêcher que dans son sillage, un nouveau courant de la philosophie renoue avec un nouveau cycle métaphysique à partir de l’idée d’une connaissance intuitive de l’esprit par lui-même (Hegel ; la capacité qu’à l’esprit de se connaître lui-même). L’idéalisme hegelien représente l’archétype parfait de cette connaissance rationnelle de la totalité de ce qui est, de ce système qui propose une appréhension cohérente de « l’Un tout » : la réalisation immanente de l’Esprit dans la nature et dans l’Histoire. Mais le désenchantement du monde continue, et c’est le matérialisme de Marx qui, avec son renversement de la dialectique hegelienne, renvoie ce dernier dans un passé religieux révolu. Dans cet esprit, nous pouvons dire que le projet intellectuel le plus significatif du début du XXème siècle est celui de la substitution de la science positive à la métaphysique. Il ne s’agit plus de compléter la science par la philosophie (comme chez Descartes ou Leibnitz), mais de remplacer la philosophie par la science (c’est le projet du cercle de Vienne par exemple, au nom du « positivisme logique »). Le « scientisme » va se déployer, pensant venir à bout des « énigmes de l’univers ». Mais cela ne va pas durer : la crise de la Science ainsi entendue, la crise des fondements de la connaissance va marquer durablement tout le XXème siècle (cf. texte « Pourquoi la philosophie aujourd’hui ? » : « Toutes les avancées de la connaissance nous font approcher d’un inconnu qui défient nos concepts, notre logique, notre intelligence ; celle-ci se trouve du coup condamnée à porter en son cœur une béance irrefermable. » Edgar Morin.). Désormais, aucun scientifique ne va plus prétendre qu’il peut accéder à la nature ultime des phénomènes, ou embrasser le Tout. D’où à partir de là, deux lignes dominantes de la philosophie au XXème siècle : 

  • Une ligne critique et épistémologique : c’est la philosophie analytique anglo-saxonne qui réfléchit sur les instruments de la connaissance et leurs limites : philo du langage, philo de la logique
  • Mais surtout une ligne positive prétendant restituer à la philosophie son ancien statut et objet, c’est-à-dire la vérité profonde du monde ou de notre présence au monde : exemples de l’intuition et l’élan vital bergsoniens, du « retour aux choses mêmes » de la phénoménologie husserlienne, de la pensée de l’être chez Heidegger. Selon Gauchet, malgré les promesses de la face cachée de l’être de la première ligne (n’est-il pas plus enthousiasmant  de s’intéresser à la révélation de la vérité de l’être (cf. Heidegger, Levinas…etc.) qu’aux laborieuses questions de logique ?), Wittgenstein et la philosophie analytique font davantage recette ; car l’expérience montrerait que la seconde piste a été finalement un échec, et qu’elle n’a pas dévoilée grand-chose (c’est en tout cas l’hypothèse de Marcel Gauchet). Ce qui peut étayer ce jugement, c’est qu’effectivement toute prétention à vouloir atteindre l’absolu se heurte de plein fouet au processus de radicalisation de la sortie de la religion qui caractérise notre histoire récente (en lien politiquement avec la résurgence du libéralisme).

 

- III -

 

Quelle philo maintenant ?

 

La philo vivante aujourd’hui ne peut plus ressembler aux grands systèmes de l’histoire de la philo ; on ne peut plus philosopher ainsi (même si on doit continuer à faire vivre ces systèmes). On sent qu’elle ne peut plus être comme avant ; la philosophie vivante (à distinguer de l’histoire de la philosophie, fort respectable, qui tient d’ailleurs lieu de philosophie à l’université) ne peut plus ressembler aux monuments de la philosophie d’hier ou d’autrefois. Sommes-nous tenus pour autant à une épistémologie, à une réflexion critique d’un genre ou d’un autre sur des domaines très limités, comme la voie dominante aujourd’hui nous le suggère (étant donné l’échec de la seconde piste, il reste la première…) ? Non, car nous sommes toujours ramenés à des questions concernant la globalité de l’expérience qu’aucune démarche scientifique ne peut nous procurer. Nous avons toujours besoin d’une intelligibilité globale. Pensons par exemple au domaine politique. Nous ne sommes pas obligé de choisir entre « le logicien emmerdant » (Wittgenstein, la philo analytique) et celui qui promet la révélation de la vérité de l’être (Husserl, puis Heidegger ou Levinas) ! Nous avons toujours besoin d’un genre de connaissance, mais ce n’est plus de la connaissance de l’être dont il peut s’agir, mais du « domaine humain ». Les sciences ne peuvent pas car, par construction, elles découpent des secteurs ou des niveaux de réel là où une intelligibilité d’ensemble serait requise.

 

Les trois traits de cette philosophie d’aujourd’hui :

 

  • Connaissance réflexive, connaissance d’un second genre (donc part des savoirs positifs ; c’est là qu’est la véritable articulation avec les sciences humaines, comme de la nature ; c’est le point de départ ; la philosophie les suppose… Elle s’appuie sur elles … pour interroger une dimension qu’elles laissent nécessairement échapper.
  • Elle a en propre les instruments logiques que sont en particulier la conceptualisation et l’autoréflexion. Pas de vérification expérimentale mais « instruments de cohérence et de probation très puissants, au premier rang desquels il faut mettre l’exigence de s’expliquer sur ce qui vous permet de soutenir ce que vous soutenez. ».
  • Elle n’est pas système mais démarche, mais demeure une visée d’intelligibilité globale comme elle l’a été dès l’origine. C’est à partir des visées sectorielles des sciences qu’elle déploie cette visée globale = tenter de saisir comme un tout la réalité, mais à partir des angles de vue particuliers. Tentative de dépassement de cette sectorisation, cette fragmentation, mais qui est un travail par nature inachevable. Car nous avons quitté définitivement l’ordre du cosmos ou du divin et sommes entrés dans l’histoire. Gauchet illustre sa thèse et la met à l’épreuve dans le domaine politique, qui est son domaine philosophique de prédilection.

 

-IV-

 

Exemple du domaine politique

Une des raisons, déterminante, pour laquelle nous sommes condamnés à philosopher, c’est parce que nous sommes condamnés à nous gouverner (au sens d’un véritable gouvernement démocratique, qui est le gouvernement de soi par soi). Condamnés à rechercher un bien commun par de là les intérêts particuliers qui se font légitimement entendre, à définir la cohérence d’une ligne de conduite globale, ce que tous les avis d’experts sont incapables de nous donner (on est dans un autre registre). L’opération intellectuelle qui est ici mobilisée est irréductible à quelque compétence scientifique que ce soit. Si d’ailleurs il y avait une compétence ou un savoir scientifique capable de résoudre le problème, rien ne justifierait, épistémologiquement, la démocratie ! Si le pouvoir est ouvert à tous, c’est parce que personne en droit n’est plus qualifié qu’un autre ultimement pour effectuer les choix que la démocratie engage. Aucun recours scientifique n’est habilité à trancher à la place des citoyens. Cela ne veut pas dire que les compétences sont inutiles, mais qu’elles ne suffisent pas. Cela ne signifie pas non plus que la politique se fait au petit bonheur la chance, en fonction de la pression d’intérêts variés. Mais cela signifie que les choix démocratiques ne peuvent être réfléchis et éclairés que sur la base d’une autre démarche que celle des savoirs positifs. Et non seulement en ce qui concerne les fins ou valeurs dernières (cela, les experts sont prêts à le concéder), mais du contenu même des décisions à prendre. Une des dérives possibles seraient d’ailleurs  de confiner la philosophie au domaine des normes et des finalités. Entre les mesures techniques – où les experts ont leur rôle à jouer – et les fins suprêmes, se situe le domaine de la politique proprement dite. Ce domaine concernant le fonctionnement global des sociétés humaines est précisément celui où se déploie la philosophie et qui justifie son existence. Philosophes sans le savoir sont les gouvernants et les citoyens, même si la réflexion de type philosophique n’existe pas ou peu (philosophies en quelque sorte ignorantes d’elles-mêmes). Mais tout citoyen qui s’interroge sur la collectivité à laquelle il appartient, qui s’efforce de rationaliser les choix qui s’offrent à lui, se livre à un exercice intellectuel de type philosophique. Et pour notre salut, ajoute perfidement Marcel Gauchet, « il s’élève sans peine au-dessus d’Alain Badiou » ! Cette affirmation du rôle de la philosophie (ici politique) est d’une actualité brûlante car le néolibéralisme est constitutivement une tentative d’élimination du gouvernement (au sens fort du terme) au profit du marché ; alors que le scientisme d’hier prétendait trouver des réponses scientifiques aux questions posées par la philosophie, et promouvoir une vision scientifique du monde (connivence politique avec le totalitarisme…),  le néo-scientisme d’aujourd’hui veut éliminer ses questions : les questions qui ne comportent pas de réponses scientifiques n’ont pas lieu d’être posées. Puisque les choix politiques ne relèvent pas de connaissances scientifiques, il faut les limiter le plus possible, remplacer le gouvernement par « la gouvernance », c’est-à-dire l’interaction auto-régulée de choix sectoriels effectués à leur niveau de compétence technique. « Puisque la décision quant à l’ensemble ne relève pas de l’expertise, il faut la remplacer par l’agrégation automatique des expertises multiples. ». Ce néo-scientisme a généré l’hyperspécialisation qui préside désormais au fonctionnement des sciences, mais aussi à la constitution d’un nouveau modèle global (et pas seulement économique) de fonctionnement des sociétés politiques. IL s’agit là, au fond, de sortir du politique ; nous pouvons d’ailleurs signaler qu’un certain nombre de penseurs dits « post-modernes » (comme Maffesoli par exemple) prédisent « l’extinction du politique ». Or, pour Gauchet, la condition politique, c’est l’exception humaine par excellence (ce qui le distingue de l’animal, contrairement à la thèse qui refuse cette « exception » : cf. à ce sujet le livre de JM Schaeffer, La fin de l’exception humaine, Gallimard).  Le politique est ce qui nous extrait de l’animalité au sens où  c’est l’activité par laquelle « les sociétés humaines s’appliquent à elles mêmes, se définissent pour ce qu’elles sont et veulent être…. Les sociétés humaines se changent et se gouvernent, puissance qui se concentre dans l’exercice d’un pouvoir, forme institutionnalisée de cette capacité d’action sur soi-même comme ensemble » (pouvoir qui devient avec la démocratie pouvoir en commun par la représentation). Cette essence du politique comme spécificité humaine est l’objet par excellence de la philosophie politique ; ainsi la philosophie politique couvre le champ entre ce pôle le plus théorique ou réfléchi, et celui de la philosophie ignorante d’elle-même évoquée précédemment concernant l’action du citoyen ou du gouvernant. La science politique, qui nous apporte des connaissances indispensables sur le fonctionnement des sociétés, considère celui-ci comme donné : par construction, elle ne nous dit pas pourquoi il y a du politique et du pouvoir. Elle nous dit comment marche le politique, mais pas en quoi il consiste.

 

EN CONCLUSION, la philosophie est un mode d’élucidation, d’orientation et de jugement par rapport à un ordre de réalité inaccessible par d’autres voies. Nous pouvons évoquer à ce sujet la manière dont Deleuze fixe la spécificité de la philosophie ; nous pouvons le dire de deux manières apparemment contradictoires, selon la signification que nous accordons au terme « penser » : soit nous disons que le champ de la philosophie est l’impensable (si nous faisons ici référence à la pensée de nature scientifique) ; soit nous pouvons dire au contraire que la philosophie consiste « à penser ce qui ne peut être que pensé » (la pensée est en ce sens le privilège de la seule philosophie, à l’instar de la conception heideggerienne). Encore une fois, nous recourons tous peu ou prou à ce mode de connaissance, mais souvent de manière instinctive et irréfléchie (ce qui n’exclut pas le discernement). La philosophie est simplement l’effort d’explicitation de cette démarche, et l’effort de rigueur dont elle est susceptible en fonction des moyens que nous avons énumérer. La philosophie ne prétend pas se substituer aux connaissances et aux compétences techniques relatives à tel ou tel domaine ; elle doit au contraire s’étayer sur ses savoirs positifs. Cette démarche qui tend à dépasser rationnellement la fragmentation des savoirs et des compétences est par principe partielle, inachevable. Il s’agit d’un effort réflexif, qui exprime le pouvoir réel mais limité de nous comprendre et de nous diriger. Les limites de notre capacité à nous auto-constituer, à nous gouverner nous-mêmes sont les mêmes que les limites de notre travail de réflexion. Cela ne signifie pas, bien entendu, que ces pouvoirs n’existent pas. Cela signifie au contraire qu’il n’y a pas que la résultante aveugle de nos passions ou actions individuelles, mais que nous disposons d’une certaine puissance de nous vouloir individuellement et collectivement en conscience. Ce que peut la philosophie ? Nous donner un peu de pouvoir…

 

 Daniel Mercier, le 14 octobre 2011