"L'homme révolté" d'Albert Camus

 

CONFERENCE DEBAT avec Marylin Maeso

 
 

 vendredi 28 janvier 2022  18h30  à la salle Esprit Gare

de Maraussan 

 

Le sujet : 

   « L'homme révolté" d'Albert Camus 

 

Remerciements et présentation   : Daniel Mercier

 
 
 
 Bonjour à toutes et tous, et bienvenus dans cette belle salle d’Esprit Gare !   Nous voilà de nouveau ensemble pour écouter et réfléchir avec nos meilleurs   philosophes, après une interruption de deux années ! Même cette fois-ci, nous   avons été longtemps dans l’incertitude, mais nous avions vraiment envie de   renouer avec nos bonnes habitudes, aidés aussi par le soutien de Me le Maire   de Maraussan, et également la communauté des Communes de La Domitienne,   qui a toujours été là quand il le fallait. Voilà pour les préliminaires, et rentrons   maintenant dans le vif du sujet : nous avons donc le grand plaisir d’accueillir   Marylin Maeso, que certains ont peut-être déjà entendue sur France Culture ou   France Inter, qui va nous parler de Camus et de l’Homme révolté, livre publié en   1951, et sur lequel je vais revenir un instant.Mais tout d’abord, je vais présenter notre invitée : 

 

 

Présentation conférencière

Agrégée et professeure de philosophie en lycée, spécialiste d’Albert Camus, autrice aux éditions de l’Observatoire de trois essais (Les Conspirateurs du silence en 2018, Les lents demains qui chantent en 2020 (lents demains écrits en deux mots), et La petite fabrique de l’inhumain (en 2021) et d’un Abécédaire d’Albert Camus (2020). Vous êtes en effet une spécialiste d’Albert Camus, et c’est aussi la raison pour laquelle nous vous avons demandé de venir nous parler de la Révolte chez Camus.

La thématique

Si nous revenons donc à cet essai de 1951, L’Homme révolté, on peut dire que Camus propose un second volet à sa réflexion sur l’absurde développée dans « Le mythe de Sisyphe », dans lequel il se concentre sur ce possible dépassement de l’absurde par la révolte… Mais Dissipons tout de suite un malentendu possible : Si j’ai bien lu « L’Homme révolté », il ne s’agit pas pour Camus de faire l’apologie de la révolte, mais de montrer en quoi elle est le moment qui prolonge la découverte du sentiment de l’absurde - Sisyphe condamné à remonter durant toute sa vie son rocher sur la montagne, rocher qui redescend fatalement la pente jusqu’en bas à chaque fois - … Absurdité de l’existence qui fait dire à Camus que le suicide est le seul problème philosophique vraiment sérieux… La révolte, aussi bien métaphysique qu’historique, est en ce sens inscrite dans la condition humaine comme la riposte de l’homme à cette situation. Il s’agit donc pour Camus d’analyser la nature de cette révolte, de montrer aussi ces différentes dimensions mais aussi ses limites, voire ses contradictions. C’est précisément ce qui va nous intéresser ici ; au fond, on finit toujours par revenir à la polémique célèbre entre Sartre et Camus sur la question de la fin et des moyens (est-il légitime d’user de tous les moyens à sa disposition pour poursuivre une fin jugée indiscutable ?), et en particulier de l’usage de la violence… De quoi s’agit-il ? En 1952, Francis Jeanson fait paraître dans la revue de Sartre, « Les Temps Modernes », un compte-rendu très critique de L'Homme Révolté. Le dernier livre de Camus est jugé réactionnaire. Camus va répondre directement à Sartre et s’ensuit une série d’échanges pour le moins musclés…. Mais je laisse tout de suite la parole à Marylin Maeso. Non pas sans doute pour examiner tout de suite de près ces divergences, mais en premier lieu pour bien comprendre le propos de Camus sur la révolte… 

 

Vendredi soir à Esprit-Gare, la pensée de Camus revisité par la philosophe Marylin Maeso 

Daniel Mercier

 

Une soixantaine de personnes sont venues écouter la philosophe Marylin Maeso, spécialiste de Camus, qui a exposé la teneur du propos de ce grand auteur dans son essai, « L’Homme révolté », écrit en 1951. Des conditions idéales dans cette belle salle Esprit-Gare : confort, silence, qualité du son, tout était réuni pour apprécier la qualité de cette intervention. De l’avis unanime, cette conférence a été jugée remarquable par le public qui s’était déplacé, nous vous proposons donc le résuméde la seconde partie (« L’homme révolté »)

« Après avoir longuement présenté le premier moment nihiliste du sentiment de l’absurde exposé dans le Mythe de Sisyphe, Marylin Maeso aborde la Révolte, qui est le deuxième moment de la réflexion de Camus, et représente la possible riposte face à cette situation.  La génération de Camus (mais peut-être aussi la nôtre ?), aux lendemains des deux guerres mondiales et avant l’effondrement des régimes coloniaux, est marquée par un profond nihilisme : l’humanisme européen est perçu comme une baudruche qui se dégonfle, et nous sommes dans une situation problématique de dénuement éthique. Le sentiment de l’absurde est significatif de ce profond déchirement intérieur… mais la révolte, d’emblée éminemment collective –Je me révolte donc nous sommes » - est une tentative pour dépasser l’expérience nihiliste de l’absurde, qui n’est pour cela qu’un moment de transition. Le « non » de l’homme révolté contre l’ordre existant cache un grand « oui »…L’homme révolté se révolte contre quelque chose, mais au nom de quelque chose qu’il ne cesse d’affirmer, comme par exemple l’égalité entre les hommes ou encore une certaine idée de la nature humaine. On ne peut pas dire non si l’on n’a pas dit préalablement oui. Lorsque l’esclave dit non, il marque une limite pour protéger quelque chose : la dignité humaine qu’il reconnaît chez son Maître et qui lui est refusé. Il ne s’agit nullement de nier l’humanité du Maître pour le remplacer et devenir maître à son tour, calife à la place du calife. Il n’est pas seulement question de rapport de maîtrise et de servitude, mais d’être traité en égal, détenteur d’une humanité commune à celle du Maître. Seule la reconnaissance commune de la dignité humaine permet de dépasser cette dialectique du maître et de l’esclave. Sinon, on s’en remet d’une façon ou d’une autre à l’ordre inique du Maître et à la reproduction de l’injustice. L’usage de la violence nous confronte à un dilemme équivalent : même quand elle est inévitable – et Camus n’est pas un partisan de la non-violence systématique -, la violence nous expose à faire usage de ce que nous combattons par ailleurs, le mal et la souffrance injustes des innocents. Comment peut-on lutter tout en ne cédant pas à l’idée que la fin idéale et prétendument indiscutable justifie les moyens ? La révolte est une affaire de tension et de mesure. L’homme révolté est un homme mesuré ; et la mesure est beaucoup plus inconfortable que la démesure. Bien loin d’être une tiédeur ou une mollesse, elle est une tension entre les deux extrêmes d’un arc tendu. L’homme révolté est celui qui refuse de briser cette tension pour le bénéfice de son confort : il est toujours plus facile de « se lâcher », d’exploser, de laisser faire ces affects les plus spontanés. L’abstraction est souvent utilisée pour se donner bonne conscience et rendre la violence confortable : dans la préface « Les damnées de la Terre » de Franz Fanon (1961), Sartre écrit : « Tuer un européen, c’est faire d’une pierre deux coups : supprimer un oppresseur et un opprimé. Reste un homme mort et un homme libre. ». On voit bien ici comment l’instrumentalisation de notions abstraites comme « européen », « oppresseur », « opprimé », nous protège de la réalité du meurtre d’une personne toujours singulière. Comme le propose Camus, il ne suffit pas de mettre son fauteuil dans le sens de l’histoire (allusion directe à Sartre), mais de se mettre réellement à la place de celui qui tient le fusil… Déjà en 1947, il disait : « J’ai horreur de la violence confortable », celle qui se justifie, qui se trouve des excuses. La violence est à la fois inévitable et injustifiable. 

                         

   Quelques mots et citations extraits de cet Abécédaire de Camus selon Marylin Maeso, qui  m’ont parus être en lien avec sa conférence à propos de L’homme révolté de Camus, et qui ont éclairé ma réflexion…

          En espérant qu’ils vous aideront comme moi à mieux appréhender le propos.

 

 Bonne lecture !

 

                                                                                  Marie Pantalacci   1/02/22

    ABECEDAIRE DE CAMUS, textes choisis par Marylin Maeso :

                     Extraits de citations en lien avec la conférence sur « L’homme révolté »

INTRODUCTION  de l’ouvrage de Marilyn Maeso : extraits

« Les contradictions dont sa génération se mourait, Camus a choisi de les vivre. D’incarner dans ses engagements militants comme dans ses œuvres, la quête exigeante d’une mesure vitale dans une atmosphère de guerres successives où le choc incessant des extrêmes rendait l’air irrespirable et la communication impossible. De façonner avec l’obstination d’un Sisyphe remontant la pente glissante du nihilisme qui avait infecté l’esprit de son temps, une « pensée du midi » résolument dressée en équilibre autour de deux abîmes antagonistes : le cynisme politique et le renoncement complice.

….La tâche n’était pas simplement ingrate : elle était sinon impossible, du moins inachevable. Camus ne croyait pas aux révolutions définitives. «  Il n’y a nulle retraite  au difficile métier d’homme ».

….La modeste ambition de cet abécédaire est de restituer à la pensée de Camus ses reliefs et aspérités…On y trouvera une fidélité à la terre, un culte de la jouissance et un amour de vivre qui remettent l’absurde à sa juste place : celle d’une simple étape à franchir. »

                                                     CITATIONS de Marcel Camus

  ABSURDE : Ce monde  en lui-même n’est pas raisonnable, c’est tout ce qu’on peut en dire. Mais ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme. L’absurde dépend autant de l’homme que du monde. Il est pour le moment leur seul lien. Il les scelle l’un à l’autre comme la haine seule peut river les êtres. C’est tout ce que je puis discerner clairement dans cet univers sans mesure où mon aventure se poursuit…. 1942. Le mythe de Sisyphe.

CIVILISATION : Il s’agit de savoir pour nous si l’homme, sans le secours de l’éternel ou de la pensée rationaliste, peut créer à lui seul ses propres valeurs. Cette entreprise nous dépasse tous infiniment. Je le dis parce que je le crois, la France et l’Europe ont aujourd’hui à créer une nouvelle civilisation, ou à périr.   Sept 45, Combat.

CLAIR OBSCUR : Les anciens Grecs savaient que la vie a une face de nuit et une face de soleil, et ils savaient que l’homme doit tenir les yeux fixés en même temps sur cette lumière et sur cette ténèbre afin de rester fidèle à sa condition.  Et une civilisation se juge toujours à la façon dont elle a su surmonter cette contradiction dans une synthèse supérieure. Mai 46 «  Sommes-nous des pessimistes ».

COGITO CAMUSIEN : Dans l’expérience absurde, la souffrance est individuelle. A partir du mouvement de révolte, elle a conscience d’être collective, elle est l’aventure de tous. Dans l’épreuve quotidienne qui est la nôtre, la révolte joue le même rôle que le Cogito dans l’ordre de la pensée : elle est la première évidence. Mais cette évidence tire l’individu de sa solitude. Elle est un lieu commun qui fonde sur tous les hommes la première valeur.

Je me révolte, donc nous sommes. 51. L’homme révolté.

CONDITION HUMAINE : Rien n’est donné aux hommes, et le peu qu’ils peuvent conquérir se paye de morts injustes. Mais la grandeur de l’homme n’est pas là. Elle est dans sa décision  d’être plus fort que sa condition. Et si sa condition est injuste, il n’a qu’une façon de la surmonter qui est d’être juste lui-même. 44Combat.

CONSCIENCE : Ce n’est pas d’être heureux que je souhaite maintenant, mais seulement d’être conscient. On se croit retranché du monde, mais il suffit de quelques plages éblouissantes sous le soleil du matin, pour qu’on sente en soi fondre cette résistance. Ainsi de moi.Je prends conscience des possibilités dont je suis responsable. Chaque minute de vie porte en elle sa valeur de miracle et son visage d’éternelle jeunesse. 36. Carnets.

CONTRADICTION : Nous n’avons pas surmonté notre condition, mais nous la connaissons mieux. Nous savons que nous sommes dans la contradiction mais que nous devons la refuser et faire ce qu’il faut pour la réduire….Nous avons à concilier ce qui se déchire, rendre la justice imaginable dans un monde si évidemment injuste, le bonheur significatif pour des peuples empoisonnés par le malheur du siècle. Naturellement, c’est une tâche surhumaine. Mais on appelle surhumaines les tâches que les hommes mettent longtemps à accomplir. De ce point de vue, il n’y a rien qui ne soit surhumain dans la condition de l’homme. Mai 46, « Sommes-nous des pessimistes ? ».

CULTURE : Cri des hommes devant leur destin. 1937, Carnets

DEMOCRATIE : Il me semble que la démocratie qu’elle soit sociale ou politique, ne peut se fonder sur une philosophie politique qui prétend tout savoir et tout régler, pas plus qu’elle n’a pu se fonder sur une morale de conservation absolue. La démocratie n’est pas le meilleur des régimes, elle en est le moins mauvais. Mais ce régime ne peut être conçu, créé et soutenu que par des hommesqui savent qu’ils ne savent pas tout, qui refusent d’accepter la condition prolétarienne, qui ne s’accomoderont jamais de la misère des autres ;  et qui justement refusent d’aggraver cette misère au nom d’une théorie ou d’un messianisme aveugle. …Le vrai démocrate  croit que la raison peut éclairer un grand nombre de problèmes et peut  en régler presque autant. Mais il ne croit pas qu’elle règne, seule maitresse sur le monde entier. Le résultat est que le démocrate est modeste. Il avoue une certaine part d’ignorance, il reconnait le caractère en partie aventureux de son effort et que tout ne lui est pas donné. 1948, «  Réflexions pour une démocratie sans catéchisme. »

FRATERNITE : Nous devons lutter contre l’injustice, contre la servitude et la terreur, parce que ces trois fléaux sont ceux qui font régner le silence entre les hommes, qui élèvent des barrières entre eux, qui les obscurcissent l’un à l’autre, qui les empêchent de se retrouver  dans la seule valeur qui puisse les sauver de ce monde désespérant : la longue fraternité des hommes en lutte contre leur destin. 1949, « Le temps des meurtriers »

HOMME REVOLTE : C’est un homme qui dit non. Mais s’il refuse, il ne renonce pas : c’est aussi un homme qui dit oui…La révolte ne va pas sans le sentiment d’avoir soi-même, en quelque façon et quelque part, raison….L’esclave qui se révolte démontre qu’il y a en lui quelque chose « qui vaut la peine de… ». D’une certaine manière, il oppose à l’ordre qui l’opprime une sorte de droit de ne pas être opprimé. 1961, «  L’homme révolté »

HUMANISME : Je n’aime pas l’humanité en général. Je m’en sens solidaire d’abord, ce qui n’est pas la même chose. Et puis j’aime quelques hommes, vivants ou morts, avec tant d’admiration que je suis toujours jaloux ou anxieux de préserver ou de protéger chez tous les autres ce qui, par hasard, ou bien un jour que je ne puis prévoir, les a faits ou les fera semblables aux premiers. 1952, Carnets.

MODERATION : Il y a une modération de l’esprit qui doit aider à l’intelligence des choses sociales, et même au bonheur des hommes…Mais la modération la plus haïssable est celle du cœur, celle justement qui admet les conditions inégales et qui souffre la prolongation de l’injustice…Notre monde a besoin de cœurs brulants qui sachent faire à la modération sa juste place. 1944, Combat.

MONDE : Chaque génération sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est encore plus grande : elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. 1957, Discours du prix Nobel.

NIHILISME : La révolution contemporaine qui prétend nier toute valeur est déjà, en elle-même, un jugement de valeur…Il n’y a pas de pensée absolument nihiliste sinon, peut –être, dans le suicide…La destruction de l’homme affirme encore l’homme…Mais le nihilisme, s’il n’est pas, essaie d’être et cela suffit à déserter le monde. Cette fureur a donné à notre temps son visage repoussant. 1951, L’homme révolté.

« NOUS SOMMES » : « Nous sommes » devant l’histoire, et l’histoire doit compter avec ce « nous sommes » qui à son tour doit se maintenir dans l’histoire. J’ai besoin des autres qui ont besoin de moi et de chacun. Chaque action collective, chaque société supposent une discipline et l’individu, sans cette loi, n’est qu’un étranger ployant sous le poids d’une collectivité ennemie. Mais société et discipline perdent leur direction si elles nient le « nous sommes ». A moi seul je supporte la dignité commune que je ne puis laisser ravaler en moi, ni dans les autres. Cet individualisme n’est pas jouissance, il est en lutte, toujours, et joie sans égale, quelquefois, au sommet de la fière compassion. 1951, L’homme révolté.

OPTIMISME : Pessimiste quant à la condition humaine, je suis optimiste quant à l’homme. 1945, Carnets.

« PENSEE DE MIDI » : Au midi de la pensée, le révolté refuse ainsi la divinité pour partager les luttes et le destin commun. Nous choisirons Ithaque, la terre fidèle, la pensée audacieuse et frugale, l’action lucide, la générosité de l’homme qui sait. Dans la lumière, le monde reste notre premier et notre dernier amour. Nos frères respirent sous le même ciel que nous, la justice est vivante. Alors naît la joie étrange qui aide à vivre et à mourir et que nous refusons désormais de renvoyer à plus tard…Avec elle, au long des combats, nous referons l’âme de ce temps et une Europe qui elle, n’exclura rien. 51, L’homme révolté.

PHILOSOPHE : Je ne suis pas un philosophe. Je ne crois pas assez à la raison pour croire à un système. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir comment il faut se conduire. Et plus précisément comment on peut se conduire quand on ne croit ni en Dieu ni en la raison. 45, Interview à Servir.

POLEMIQUE : Il n’y a pas de vie sans dialogue. Et sur la plus grande partie du monde, le dialogue est remplacé par la polémique. Le XXe siècle est le siècle de la polémique et de l’insulte. Elle tient entre les nations et les individus la place que tenait traditionnellement le dialogue réfléchi. Le mécanisme de la polémique consiste à considérer l’adversaire en  ennemi, à le simplifier par conséquent, et à refuser de le voir…ainsi nous ne vivons plus parmi les hommes mais dans un monde de silhouettes. 48, « Le témoin de la liberté ».

SISYPHE : L’homme absurde dit oui, et son effort n’aura plus de cesse….Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose…Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. 42, Le Mythe de Sisyphe.

SUICIDE : Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux, c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie… A sa manière, le suicide résout l’absurde : il l’entraine dans la même mort…42, Le Mythe de Sisyphe.

VALEUR : Si les hommes ne peuvent pas se référer à une valeur commune, reconnue par tous en chacun, alors l’homme est incompréhensible à l’homme.  1951, L’homme révolté.

VIVRE : Il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre. 1937, L’envers et l’endroit.